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merci pour tout

23 mars 2010

Roman "Merci pour tout"

                                  CHAPITRE  I

-Marine, c'est toi qui a pris la serviette blanche et verte qui se trouvait dans les toilettes, elle a disparu !, explose Brigitte.

Pas le temps de répondre que le visage rouge de colère, la Secrétaire de DIRECTION continue de déverser son flot d'ondes négatives.

-Oui parce que tu comprends, nous sommes quatre à travailler ici et cette serviette appartient à la société. Il est donc IDNAMISSIBLE que quelqu'un se l'accapare comme çà, en douce!

Abattue par ce cocktail molotov jeté en pleine tronche de si bon matin, les doigts crispés sur sa souris, Marine relève sa tête et plonge son regard dans celui de sa collègue bien-aimée.

Et avec un calme hautement étudié, le coup part.

Le premier de la journée.

-Bonjour Brigitte. As-tu passé un bon week-end? Au fait, pour ce qui est de la serviette, non, je ne l'ai pas volée. Tu sais, elle est si moche, on me l'offrirait, je n'en voudrais même pas. Bon maintenant que tu as ta réponse, merci de fermer la porte en partant, car j'ai une tonne de boulot.

-Ah, bon excuse-moi Marine, c'est peut-être la femme de ménage qui l'a prise. Bon, je te laisse, susurre Brigitte, le visage cramoisi.

-Elle ne va pas me gonfler dès le lundi, fulmina Marine en lorgnant sur les articles qu’elle devait rendre à son Rédacteur en Chef -un bien élogieux titre pour traduire le néant- avant 16 heures.

-Allez, respire Marine, 7-1 7-1, il faut que tu sois positive, l'important, c'est le sourire intérieur. OK, on ne va pas se laisser démonter par cette vieille fille quand même !

-Alors où en étais-je? Ah oui, il faut que je finisse cet article sur ce pauvre mec qui a introduit son entreprise en bourse. Lui aussi, il s'y croit. Mais peu importe, je suis payée pour écrire que notre région est  riche en génies de toute sorte. Allez, c'est parti, on va romancer tout cela et on va faire plaisir aux têtes pensantes. C’est beau le journalisme.. .

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Marine a trente ans, sept ans d’expériences professionnelles et déjà, elle traîne ses bourrelets de désillusion.

Exit le temps où elle croyait en la noblesse de la nature humaine, où les mots devaient retranscrire la réalité, une certaine forme de vérité.

Encore ce téléphone qui sonne.

Impossible de se concentrer cinq minutes sur un sujet qui ne transpire en aucune façon l’émotion.

-Allo Marine, c'est Jérôme.

-Oui, Jérôme, qu’y a t-il?

-Et bien ce matin, tu faisais la gueule et j'en ai marre, tu comprends? C'est toujours la même chose avec toi. On ne peut rien te dire sans que tu te braques. Et puis pour te dire le fond de ma pensée, j'ai l'impression que tu ne supportes pas mon fils. Dès qu'on passe le week-end ensemble, tu ne parles pas, tu n’as envie de rien, tu te tires dans notre chambre pour lire...Je n'y peux rien si tu n’acceptes pas Simon, mais reconnais au moins que j'ai raison !

-Ils se sont donnés le mot ou quoi? Mais qu'ils me foutent la paix, tous !

-Jérôme, je te propose que l’on en reparle plus tard, à la maison, d’accord ? Mais je tiens juste à te préciser que tu as eu tout le week-end pour me faire part de tes grandes et nobles observations. Or, tu ne m'as pas décroché un mot. Et puis autre chose, tant qu'on y est: ton fils, Simon, je le supporte plus que tu ne le crois puisque, figures- toi que  durant tes longues siestes du week-end, je m'occupe de lui, je joue avec lui, je lui parle, vois-tu! Bon allez BONNE JOURNEE Jérôme. A ce soir !

Et une fois de plus, elle raccroche le téléphone avec une violence retenue.

-Je vais bientôt péter un plomb et cela ne sera pas joli à voir, c'est garanti pur sucre comme on disait quand on était ados !

Quelques heures plus tard, après trois articles malaxés puis digérés, Marine respire de nouveau.

-Tiens, je mérite bien une pause. Je vais en profiter pour appeler mon amie Carole.

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-Ah ! Si tu n'existais pas ma petite Carole, il faudrait t'inventer. Tu es la preuve que la nature humaine n'est pas totalement polluée…

-Allo Carole, c'est Marine, comment vas -tu?

-Bien, bien l'amie, je suis en train de faire des recherches pour mon reportage sur les mushers, c'est passionnant!

Ce que Marine aime chez Carole, journaliste elle aussi, c'est qu'elle allie l'intelligence à l'humour. Avec ces intonations de petite fille, elle arrive à la faire rire de ce qui peut être le plus vil dans la vie.

-Alors, dis - moi tout, Marine. As-tu passé un bon week-end avec le Père et le Fils. Tu as une fois de plus essuyé les rancœurs de notre jeune divorcé ou pour une fois, t'es-tu amusée?

Et Paf, touché coulé.

Carole peut bien lui sortir ses quatre vérités sans crier gare, la journaliste ne bronche jamais  car sa fidèle amie a une qualité rarissime: elle ne juge jamais les autres.

-Et bien, imagines, Jérôme ne m'a pas adressé la parole du week-end.

Et après, cerise sur le gâteau, il me reproche de faire la gueule, j'hallucine,

tu sais ! Bref, j’avoue, je me suis emmerdée comme un rat mort. J'espère que son fils, Simon, ne sera jamais aussi amer que son père. Dis-moi, tu crois que cela se transmet par les gènes?


Parties toutes les deux dans un grand fou rire, la journaliste manque de s'étrangler lorsque Brigitte ouvre soudainement sa porte et lui lance un regard noir.

-Marine, je peux te déranger à moins que ce ne soit un appel professionnel, lui lance-t-elle, glaciale.

Et elle reste là, plantée, figée, jusqu'à ce que Marine daigne  raccrocher.

-Bon Carole, excuses-moi, j'ai quelqu'un dans mon bureau, je te rappelle ce soir, d'accord?

Raccrochant avec une infinie précaution, Marine se  tourne vers Brigitte.

-Oui Brigitte, il y a quelque chose dont tu veux me parler?

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5 août 2009

Premières pages, premières contradictions

Cela fait des années que les premières pages de ce petit roman ont été écrites.
Une course de fond, un challenge à relever, une bataille à livrer avec moi-même.
Je suis arrivée au bout, mécontente du résultat mais soulagée d'en avoir terminé.
Comme un poids qui s'en va.
Un instant de vérité.
Et on continue sa route, autrement

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